5 Promenade des Champs Plaisants, 89100 Sens
La psychomotricité, est une fonction physiologique du corps humain qui caractérise sa manière de fonctionner. Elle relie nos fonctions sensorielles, motrices, émotionnelles et intellectuelles pour nous permettre d’interagir avec notre environnement tout en contrôlant notre corps.
Professionnel paramédical diplômé d’Etat, le Psychomotricien permet de favoriser le bon développement psychomoteur et de le préserver tout au long de la vie. Il s’agit de situer le patient (bébé, enfant, adolescent, adulte, personne âgée) quelle que soit sa problématique au carrefour entre le cognitif (le savoir-faire), le moteur (le pouvoir faire) et le psycho-affectif (le vouloir faire). Le psychomotricien s’occupe donc du corps et de l’investissement de celui-ci, sur prescription médicale uniquement.
J’accompagne en libéral des enfants âgés de 6 mois à 18 ans, ainsi que des adultes et personnes âgées. Mes patients me sont principalement orientés par des médecins et écoles, ainsi que par des structures médico-sociales.
Via des tests étalonnés et standardisés, je met en évidence les difficultés et potentialités du patient pour chacune de ses fonctions psychomotrices (équilibre, coordinations dynamiques, praxies, tonus, motricité fine, graphomotricité...).
Le métier de psychomotricien présente plusieurs facettes. C’est un métier riche et pour ma part épanouissant qui me permet de constamment me renouveler et de proposer de nouvelles actions afin de ne pas rester dans une routine fastidieuse à mon goût.
Les études de psychomotricité offrent un panel de connaissances théoriques sur les différentes populations que le psychomotricien est amené à rencontrer, ainsi que sur les différentes médiations qu’il peut proposer. Le psychomotricien nouvellement diplômé possède alors une valise remplie de savoirs qu’il continuera à développer tout au long de sa carrière, comme en se formant à la médiation animale.
La médiation animale se différencie des autres médiations par l’introduction d’un être vivant et sensible. L’animal médiateur se situe alors dans un espace transitionnel. Selon GIROMINI (2012), le médiateur est un support de communication, de créativité, de richesse interne, facilitant l’expression des émotions, du contenu psychique à travers des possibilités d’appropriation et de transformation. Mais cela n’est possible qu’«en supposant que c’est la corporéité du psychomotricien, en tant qu’instrument de la relation à l’autre qui en est le médiateur». Ainsi, le psychomotricien, par son engagement corporel permet le passage d’une expérience vécue en une représentation.
L’Institut Français de Zoothérapie (IFZ), définit la médiation animale (MA) comme « un soin alternatif non médicamenteux qui se pratique à l’aide d’un animal familier, consciencieusement sélectionné et éduqué, sous la responsabilité d’un professionnel, appelé «l’Intervenant Professionnel en médiation animale » dans l’environnement immédiat de personnes chez qui l’on cherche à éveiller des réactions visant à maintenir ou à améliorer leur potentiel cognitif, physique, psychosocial ou affectif. » (2020). Elle est aussi utilisée dans les domaines éducatif, thérapeutique ou social (Fondation AP Sommer, 2017) et auprès de divers publics : enfants, adultes et personnes âgées (De Villiers, 2015)
En effet, la présence animale apporte un mieux-être mais ne peut prétendre guérir un trouble, il s’agit donc d’un médiateur. La présence d’un professionnel (psychomotricien, éducateur spécialisé, psychologue, …) ayant des connaissances sur la situation du patient mais aussi sur les capacités et limites de l’animal est nécessaire. Il y a ainsi une influence réciproquement bénéfique entre l’Homme et l’animal qui s’inscrit dans une relation triadique entre le patient (bénéficiaire), le psychomotricien (thérapeute et médiateur) et l’animal (médiateur).
Selon la fondation A&P Sommer c’est cette trinité qui enrichit, au-delà de la seule présence de l’animal (par exemple le cheval), le contenu éducatif ou thérapeutique, le médiateur pouvant être tour à tour l’intervenant ou l’animal. L’intervenant parce qu’il propose des activités de rencontres positives pour les uns et les autres et, dans la mesure du possible, des interprétations, des retours sur ce qui se passe. L’animal parce qu’il va déclencher, par son comportement, des réactions chez l’intervenant et le bénéficiaire des séances. Ici se différencie la médiation animale de la présence d’un animal de compagnie au domicile. En effet, le thérapeute apporte du sens et de l’intérêt à la relation entre le patient et l’animal.
La médiation animale consiste en la mise en place de différents ateliers ou activités thérapeutiques visant des personnes fragilisées dans leur vie, à l’aide d’un médiateur : l’animal. La présence de celui-ci représente un support pour le professionnel qui l’adapte en fonction de ses compétences, de son métier et de ses objectifs. Le psychomotricien propose alors au patient un accompagnement global en fonction de son histoire de vie, de ses intérêts, de ses compétences et difficultés afin d’apporter une résonnance dans la prise en charge thérapeutique et la relation entre le sujet et l’animal.
L’objectif de cette médiation est d’utiliser les qualités naturelles de l’animal pour apporter un certain bien-être à une personne. La fondation A&P Sommer parle de l’apport de l’animal sur les plans émotionnels, relationnels, psychiques, sensorielles et posturales (en rééducation fonctionnelle).
L’institut Français du Cheval et de l’Equitation (IFCE) définit la médiation équine comme étant « à visée thérapeutique, éducative ou sociale » et qui « propose une aide psychologique, une rééducation sensori-motrice, une aide éducative ou sociale » en la présence du cheval.
« Lors de médiation équine à vocation de soin ou éducative, un professionnel dispense des soins avec la participation d’un équidé. L’encadrement se fait, à ce titre, par un professionnel médico-social ou éducatif. » Ainsi, ce professionnel « organise, pour son patient, un projet équin.» (IFCE, 2020).
Le thérapeute utilise alors les interactions entre la personne et le cheval pour obtenir un effet sur la psycho-corporéité du patient.
« L’animal possède une âme, il a la capacité de communiquer, de composer, même si cela lui est limité » CONDILLAC (s.d.).
Mais finalement, ai-je choisi le cheval dans ma thérapie psychomotrice uniquement par mon histoire personnelle ?
La réponse est non. Je vais détailler l’intérêt du cheval et les bénéfices qu’il apporte en médiation équine, ce pour quoi j’ai inclus en 2021 cette médiation en psychomotricité.
Tout d’abord, dans l’inconscient collectif, si le thérapeute aime les animaux, il aime l’être humain et possède une sensibilité particulière face à ceux-ci.
Ensuite, l’entrée de l’animal en institution apporte autre chose que le côté thérapeutique. Il a un côté vivant, rassurant et social. La présence du cheval humanise alors l’institution et les liens entre le patient et le psychomotricien.
Qu’il soit en structure médico-sociale ou aux écuries, le cheval facilite ainsi le contact et la communication avec le thérapeute. Il apporte motivation à la personne dans sa prise en soin et la rend actrice principale de la situation. Par conséquent, le patient se voit revalorisé et prend du plaisir à suivre sa thérapie psychomotrice.
Le cheval, en plus de sa beauté et sa puissance, possède un côté protecteur et rassurant, il permet au patient de se sentir en confiance face au monde extérieur. Il contient physiquement et psychiquement le patient. Sa taille imposante permet à la personne qui lui fait face de trouver sa force intérieure autrement que par la force physique, dans le but de se mettre en relation avec lui.
Contrairement aux autres animaux, le cheval de part sa présence imposante gagne plus facilement l’émotion des patients. C’est en les touchant émotionnellement, que l’on acquiert davantage d’adhésion à leur prise en soin.
Le cheval écoute et ne juge pas. Il constate et démontre. Miroir des émotions, il propose une voie de choix pour réaliser un travail d’intériorisation et de libération émotionnelle. (BENSA, 2023).
La séance de médiation équine amène le monde extérieur auprès du patient et le replace en tant que personne dans un contexte différent de celui de « malade », de « patient ». Elle offre un temps hors des soins médicaux/paramédicaux, bien qu’elle en soit un. Au-delà des mots, par le biais des caresses, du toucher, de l’émotion, une communication se crée et le contexte se fait oublier, des souvenirs, des émotions, des sensations s’éveillent.
Une relation se crée et le travail psychomoteur à visé éducative/rééducative ou thérapeutique peut débuter sans qu’il n’en soit un.
« Par ses caractéristiques physiques, esthétiques et comportementales, le cheval introduit des modalités de travail inédites en mobilisant des ressources corporelles, cognitives, relationnelles et affectives de façon concomitante. » ANSORGE et SUDRES, 2012.
La médiation équine permet ainsi de travailler de manière consciente ou non la motricité, la cognition et le comportement (relationnel, émotionnel, communicationnel) chez le patient. Le cheval stimule la mémoire émotionnelle et ancre la prise en soin.
Cette médiation en psychomotricité permet de stimuler l’ensemble des fonctions psychomotrices. Nous avons pu voir que le cheval nous reconnecte à nos émotions, stimule la communication et focalise notre attention.
Mais le cheval stimule aussi aisément la motricité : pour s’en approcher, comme pour travailler à ses côtés (sur un parcours ou lors d’une balade par exemple).
La motricité fine est renforcée par le biais de la sensorialité tactile induite par les manipulations (caresses, pansage, tressage des crins, tenue en longe, etc.).
C’est finalement un mieux être général que le cheval permet au patient en le faisant se sentir en confiance. L’estime de soi ne s’en voit que valorisée. Ce qui permet au patient de transposer les acquis de la séance dans son quotidien.
Bien que ces bénéfices se traduisent par de petits signes et qu’ils puissent sembler insignifiants pour une personne en dehors du contexte, ils sont énormes, et remplis d’émotions pour les patients, l’intervenant et les familles.
Le thérapeute est garant du soin de son patient mais également du bien-être de son animal et de ses compétences. Cela nécessite donc l’acquisition d’un bagage de connaissances éthologiques, éducatives et hygiéniques sur l’animal, portant l’intérêt de la formation.
L’animal reste un être vivant sensible et intelligent. Le thérapeute doit donc veiller au bien-être de son animal en toutes circonstances, mais également à son éducation qui doit être construite sur des bases solides et bienveillantes pour parfaire la relation triadique.
Le Syndicat National Français des Zoothérapeutes et Intervenants en Médiation Animale a instauré une charte d’éthique et de déontologie recouvrant l’exercice de la profession du thérapeute en médiation animale. Cette charte inclus le respect des droits du patient et de l’animal, de la responsabilité de la santé, de l’aptitude et de la protection de l’animal pour encadrer les intervenants formés.
C’est donc naturellement que j’ai adhéré au syndicat, afin de préserver cette profession, mais aussi les droits et devoirs envers l’animal médiateur.
Lors des séances, le cheval devient le partenaire thérapeutique du patient. Il lui apporte la confiance nécessaire pour réaliser des mouvements physiques spécifiques. Il travaille sur ses qualités relationnelles et cognitives et lui permet de s'ouvrir au monde extérieur.
S’occuper du cheval, le brosser, le soigner, monter dessus, permet également au patient d’évoluer à son contact, de ressentir son enveloppe corporelle, ses limites, d'expérimenter sa psychomotricité autrement.
L’odeur du cheval, sa chaleur et le balancement de ses pas concourent au bien être du patient tout en stimulant les sens , la motricité et la mémoire émotionnelle/sensorielle.
4.9 sur Avis Google
Psychomotricienne extraordinaire, je pense qu’il ne peut pas avoir mieux qu’elle. Mon fils est avec elle depuis maintenant 2 ans et fait des progrès incroyable en sa compagnie. De plus elle est d’un soutien incroyable pour les parents que ce soit au niveau des démarches administratives ou moralement...
Professionnelle très à l’écoute, elle a pris du temps pour partager avec l’école, mon fils l’adore et y va de bon coeur. Elle adapte ses exercices aux progrès réalisés. Nous avons pu modifié les horaires des séances à plusieurs reprises pour s’adapter à mes disponibilités.
Professionnelle très douce et patiente avec ma fille. J'ai pu constater d'énormes progrès en peu de temps sur la motricité globale, fine et sur la gestion des émotions. Bienveillante, elle prend le temps d'expliquer les activités faites durant la séance et de donner des conseils pour aider au mieux les enfants en difficultés. Je la recommande vivement.
Psychomotricienne au top attentionné à l écoute des difficulté de mon enfant, souriante et disponible pour tout question avec sont activité. Mon enfant et suivie depuis début juillet et je voie que tu progrès pour lui. Il aime aller au séance et est toujours heureux d y retournée. Je recommande Mme Noble pour vous ou vos enfants merci à vous pour votre professionnalisme.
Psychomotricienne très professionnel qui a permis a mon fils d écrire beaucoup mieux ,elle a fait plus en 4 mois que ce que l on avait réussi en 6 ans avec d autre spécialiste. Elle est très a l écoute et très bonne communication ensemble. Merci encore.
Depuis août 2021, je suis installée en libéral afin de pratiquer la psychomotricité auprès d’un public divers et varié les lundis, mardis et mercredis.
J’ai d’abord évoluée seule dans un cabinet indépendant, puis à partir de janvier 2023 dans une Maison de Santé Pluridisciplinaire se composant de 8 médecins généralistes, 8 médecins spécialistes et 14 paramédicaux.
En effet, cette structure me permet d’être au contact direct des médecins qui m’orientent les patients. Ce sont des échanges enrichissant que nous pouvons mutuellement avoir.
Mon cabinet se compose de plusieurs espaces : bureau, rangements des jeux, espace moteur, espace sensoriel, espace de relaxation et espace libre.
Je reçois ainsi en prise en soin individuelle ; après évaluation psychomotrice avec des tests standardisés et des observations qualitatives ; des personnes ayant des difficultés, des troubles et pathologies multiples et diverses. Chaque patient se voit attribué un projet thérapeutique personnalisé, répondant à ses besoins.
Concernant les bébés et la petite enfance (0-3 ans), j’évalue leur niveau d’évolution motrice afin de les situer dans leur développement et de les accompagner si besoin. Je propose également de la guidance parentale et de la surveillance du développement psychomoteur.
Chez les enfants, adolescents et adultes, toujours après évaluation de leurs capacités psychomotrices, je prends en charge, en complément des autres professionnels paramédicaux les troubles neurodéveloppementaux (Trouble du spectre autistique, trouble déficitaire de l’attention avec ou sans hyperactivité, troubles Dys-, etc), les troubles sensori-moteurs, les conséquences psychomotrices de pathologies génétiques ou acquises (Trisomie et syndromes divers avec ou sans handicap intellectuel), les retards de développement, les difficultés psychomotrices innées ou acquises et les difficultés de gestion des émotions à répercussions corporelles.
Ces prises en charges se font par le biais de médiations : relaxation, activités sensorielles, jeux de société, jeux moteurs. Et prochainement via la médiation équine pour les patients à qui cela apporterait un bénéfice certain.
J’interviens également auprès des structures médico-sociale, au plus proche des bénéficiaires (EHPAD, FAM, MAS, hôpital, etc…)
Les séances peuvent être individuelles ou collectives (petit groupe) sur un temps définit. Nous nous rendons, Napoléao et moi-même, au chevet des patients alités et isolés (volontairement ou non) afin de :
– Stimuler sensoriellement : via l’odeur, les différentes textures de poils, la chaleur de l’animal, et les friandises, c’est un monde sensoriel nouveau qui s’ouvre aux patients.
– Induire des émotions positives, même sur un court temps : via ses trois principaux sens (odorat, ouïe, toucher), le cheval communique profondément avec nous. Il nous aide à nous reconnecter à notre corps et nos émotions, à en reprendre conscience. Avec ce corps à corps, il apporte force et sérénité au patient, l’incitant à de nouvelles expériences.
Les émotions sont intenses, nous vivons des moment à part dans le temps : certains pleurent, d’autres émettre des réminiscences, des mimiques faciales que le personnel soignant n’avait jamais vu émergent : d’immenses sourires.
– Stimuler la communication : via la simple présence du cheval, les patients émettent immédiatement des vocalises ou des mots (pour ceux le pouvant). Ils cherchent à communiquer avec lui. Certains y voient leur reflet de vie et se mettent alors à raconter tout leur cheminement, alors qu’ils ne trouvaient pas cela opportun auparavant.
– Stimuler le tonus axial et la latéralité : via l’imposante posture du cheval, de manière innée, les patients se redressent ou demandent à l’être afin de faire face à l’animal, d’être à son niveau pour pouvoir interagir avec. Cela peut paraitre anodin, cependant, dans leur quotidien, ils ne sont pas forcément volontaires dans ces gestes.
– Maintenir a minima l’autonomie : via la stimulation des praxies : caresser le cheval, brosser ses crins ou son encolure, ouvrir la main et lui donner une friandise. Des gestes qui peuvent paraitre banals mais qui sont pourtant primordiaux et rendent le patient acteur de sa prise en soin quotidienne. Ces gestes ont un parallèle avec les toilettes journalières : se laver le visage ou les mains, se brosser les cheveux , ou encore simplement ouvrir les mains en cas de grande rétractation tendineuse afin de prévenir des mycoses (un exemple parmi tant d’autres).
– Renforcer la motricité globale : certains patient estiment que pour honorer la présence du cheval, ils se doivent de sortir de leur lit (avec ou sans aide) et se verticalisent alors devant lui (avec ou sans appui). La motricité se voit ainsi stimulée sur un court laps de temps pour les patients à mobilité réduite. Pour les autres, la motricité peut être stimulée par des promenades, ou encore des parcours psychomoters accompagnés du cheval.
– Responsabiliser et développer l’estime de soi : le patient est placé comme acteur principal, c’est lui spécifiquement à qui nous rendons visite. De plus, des tâches lui sont confiées afin de le revaloriser dans ses compétences tant motrices que cognitives.
L’objectif de cette médiation est d’utiliser les qualités naturelles du cheval pour apporter un certain bien-être psychocorporel au patient. Le cheval devient le partenaire thérapeutique du patient. Il lui apporte la confiance nécessaire pour réaliser des mouvements physiques spécifiques.
Il travaille sur ses qualités relationnelles et cognitives et lui permet de s’ouvrir au monde extérieur
Maison de Santé Pluridisciplinaire, 5 promenade des Champs Plaisants, 89100 SENS
5 Promenade des Champs Plaisants, 89100 Sens
Tous droits réservés 2023. © Graphicomm
Ma deuxième et troisième année d’apprentissage dans ma formation au Diplôme d’Etat de Psychomotricien ont été marquées par la crise sanitaire pandémique 2020 liée au coronavirus SARS-Cov-2 responsable de la maladie Covid-19.
C’est en janvier 2020 que le virus a fait son entrée en France. Fin février, l’établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (EHPAD) dans lequel je poursuivais ma formation en alternance décidait de fermer ses portes au public puis de confiner les résidents en chambre. Les intervenants extérieurs (libéraux, médiateurs, coiffeurs, …) n’étaient plus autorisés à entrer.
Dès lors, l’anxiété s’est faite sentir chez les résidents comme chez les équipes soignantes. Les personnes âgées se retrouvaient isolées de leur famille, proches et amis. Cette rupture sociale et cette solitude me faisaient craindre l’arrivée de divers troubles, de perte d’autonomie et de motricité, avec une augmentation de l’anxiété, pouvant engendrer des effets secondaires, des syndromes de glissement, voire des pathologies.
L’école dans laquelle j’étudiais (ISRP Vichy) nous permettait de mettre en place le Projet Extra Académique (PEA) de notre choix. Cela nous apprenait le travail d’équipe ainsi que le développement et la mise en place d’un projet en lien avec la psychomotricité. J’ai donc, lors de ma première année, monté, avec d’autres étudiantes, le PEA « médiation animale » qui joint la psychomotricité aux bienfaits de la présence animale. Durant notre deuxième année d’étude, nous avions pour projet d’intervenir avec nos animaux dans un centre pour déficients visuels, dans un cabinet libéral de psychologie auprès d’enfants à hauts potentiels intellectuel ainsi qu’à la Société Protectrice des Animaux (SPA) de Brugheas. Avec la crise sanitaire, tous ces projets ont été mis en veille.
Il m’était alors venu l’idée de créer un projet de « Psychomotricité avec l’animal » au sein de l’EHPAD dans lequel je travaillais afin de prévenir et prendre en charge les troubles anxieux en psychomotricité. En effet, les résidents isolés passaient la majorité de leur temps devant les informations inquiétantes diffusés par les médias (journaux, télévision) sur cette pandémie. Le principal sujet de conversation à la résidence était alors la COVID-19. Ce virus engendrait énormément d’anxiété, tant auprès des équipes, que des résidents. Or la présence d’un animal ou le simple fait de le caresser, permet selon le Dr ALLARD et le Dr PERNOT, vétérinaires, de « procurer un sentiment de bien-être, des endorphines sont alors produites dans notre organisme, les taux d’adrénaline et de corticoïdes sont abaissés, le rythme cardiaque diminue, la respiration ralentit ». Ainsi « ces processus diminuent le risque d’infarctus du myocarde, d’hypertension artérielle, mais encore d’autres maladies cardio-vasculaires ».
J’avais donc proposé à ma direction ce projet dans lequel j’ai mis en évidence les bienfaits de la présence de ma chienne, Jinmay, spitz japonais, lors de séances individuelles de psychomotricité adaptées à la problématique des patients.
J’ai d’ailleurs effectué mon mémoire de fin d’étude à ce sujet : « L’apport du chien médiateur dans la prise en charge psychomotrice de l’anxiété chez la personne âgée en EHPAD durant la crise sanitaire liée à la COVID-19 ».
Celui-ci a été primé par le prix Marie Claude Lebret de la Fondation Adrienne et Pierre Sommer en novembre 2021, publié et salué par l’ISRP Vichy.
Depuis, je suis référente du PEA « médiation animale, une patte dans la psychomot » de l’école de psychomotricité de Vichy. J’accompagne les étudiants dans leur projet et je promeus à leurs côtés les bienfaits de la médiation animale.
Depuis août 2021, je suis installée en libéral afin de pratiquer la psychomotricité auprès d’un public divers et varié les lundis, mardis et mercredis.
J’ai d’abord évoluée seule dans un cabinet indépendant, puis à partir de janvier 2023 dans une Maison de Santé Pluridisciplinaire se composant de 8 médecins généralistes, 8 médecins spécialistes et 14 paramédicaux. J’y ai trouvé apaisement et sécurité en rompant l’isolement professionnel.
En effet, cette structure me permet d’être au contact direct des médecins qui m’orientent les patients. Ce sont des échanges enrichissant que nous pouvons mutuellement avoir.
Mon cabinet se compose de plusieurs espaces : bureau, rangements des jeux, espace moteur, espace sensoriel, espace de relaxation et espace libre.
Je reçois ainsi en prise en soin individuelle ; après évaluation psychomotrice avec des tests standardisés et des observations qualitatives ; des personnes ayant des difficultés, des troubles et pathologies multiples et diverses. Chaque patient se voit attribué un projet thérapeutique personnalisé, répondant à ses besoins.
Concernant les bébés et la petite enfance (0-3 ans), j’évalue leur niveau d’évolution motrice afin de les situer dans leur développement et de les accompagner si besoin. Je propose également de la guidance parentale et de la surveillance du développement psychomoteur.
Chez les enfants, adolescents et adultes, toujours après évaluation de leurs capacités psychomotrices, je prends en charge, en complément des autres professionnels paramédicaux les troubles neurodéveloppementaux (Trouble du spectre autistique, trouble déficitaire de l’attention avec ou sans hyperactivité, troubles Dys-, etc), les troubles sensori-moteurs, les conséquences psychomotrices de pathologies génétiques ou acquises (Trisomie et syndromes divers avec ou sans handicap intellectuel), les retards de développement, les difficultés psychomotrices innées ou acquises et les difficultés de gestion des émotions à répercussions corporelles.
Ces prises en charges se font par le biais de médiations : relaxation, activités sensorielles, jeux de société, jeux moteurs. Et prochainement via la médiation équine pour les patients à qui cela apporterait un bénéfice certain.
Les séances sont ainsi individuelles sur un temps très court. Nous nous rendons, Mocha, le gérant des écuries et moi-même, au chevet des résidents alités et isolés (volontairement ou non) afin de :
– Stimuler sensoriellement les résidents : via l’odeur, les différentes textures de poils et les friandises que nous donnions, c’est un monde sensoriel nouveau qui s’ouvre aux résidents.
– Induire des émotions positives, même sur un court temps : via ses trois principaux sens (odorat, ouïe, toucher), le cheval communique profondément avec nous. Il nous aide à nous reconnecter à notre corps et nos émotions, à en reprendre conscience. Avec ce corps à corps, il apporte force et sérénité au résident, l’incitant à de nouvelles expériences.
Les émotions étaient intenses, nous avons vécu un moment à part dans le temps : certains résidents ont pleuré de joie et on pu émettre des réminiscences, d’autres ont émergé des mimiques faciales que nous n’avions encore jamais vu : d’immenses sourires.
– Stimuler la communication : via la simple présence du cheval, les résidents émettent immédiatement des vocalises ou des mots (pour ceux le pouvant). Ils cherchent à communiquer avec lui. Certains y voient leur reflet de vie et se mettent alors à raconter tout leur cheminement, alors qu’ils ne trouvaient pas cela opportun auparavant.
– Stimuler le tonus axial et la latéralité : via l’imposante posture du cheval, de manière innée, les résidents se redressent ou demandent à l’être afin de faire face à l’animal, d’être à son niveau pour pouvoir interagir avec. Cela peut paraitre anodin, cependant, dans leur quotidien, ils ne sont pas forcément volontaires dans ces gestes.
– Maintenir a minima l’autonomie : via la stimulation des praxies : caresser le cheval, brosser ses crins ou son encolure, ouvrir la main et lui donner une friandise. Des gestes qui peuvent paraitre banals mais qui sont pourtant primordiaux et rendent le résident acteur de sa prise en soin quotidienne. Ces gestes ont un parallèle avec les toilettes journalières : se laver le visage ou les mains, se brosser les cheveux , ou encore simplement ouvrir les mains en cas de grande rétractation tendineuse afin de prévenir des mycoses (un exemple parmi tant d’autres).
– Renforcer la motricité globale : certains résidents estiment que pour honorer la présence du cheval, ils se doivent de sortir de leur lit (avec ou sans aide) et se verticalisent alors devant lui (avec ou sans appui). La motricité se voit ainsi stimulée sur un court laps de temps.
– Responsabiliser et développer l’estime de soi : le résident est placé comme acteur principal, c’est lui spécifiquement à qui nous rendons visite. De plus, des tâches lui sont confiées afin de le revaloriser dans ses compétences tant motrices que cognitives.
L’objectif de cette médiation est d’utiliser les qualités naturelles du cheval pour apporter un certain bien-être psychocorporel au patient. Le cheval devient le partenaire thérapeutique du patient. Il lui apporte la confiance nécessaire pour réaliser des mouvements physiques spécifiques.
Il travaille sur ses qualités relationnelles et cognitives et lui permet de s’ouvrir au monde extérieur.
Mais finalement, ai-je choisi le cheval dans ma thérapie psychomotrice uniquement par mon histoire personnelle ?
La réponse est non. Je vais détailler l’intérêt du cheval et les bénéfices qu’il apporte en médiation équine, ce pour quoi j’ai inclus en 2021 cette médiation en psychomotricité.
Tout d’abord, dans l’inconscient collectif, si le thérapeute aime les animaux, il aime l’être humain et possède une sensibilité particulière face à ceux-ci.
Ensuite, l’entrée de l’animal en institution apporte autre chose que le côté thérapeutique. Il a un côté vivant, rassurant et social. La présence du cheval humanise alors l’institution et les liens entre le patient et le psychomotricien.
Qu’il soit dans l’EHPAD ou aux écuries, le cheval facilite ainsi le contact et la communication avec le thérapeute. Il apporte motivation à la personne dans sa prise en soin et la rend actrice principale de la situation. Par conséquent, le patient se voit revalorisé et prend du plaisir à suivre sa thérapie psychomotrice.
Le cheval, en plus de sa beauté et sa puissance, possède un côté protecteur et rassurant, il permet au patient de se sentir en confiance face au monde extérieur. Il contient physiquement et psychiquement le patient. Sa taille imposante permet à la personne qui lui fait face de trouver sa force intérieure autrement que par la force physique, dans le but de se mettre en relation avec lui.
Vignette clinique
Mme C, 88 ans, hémiplégique et dysphasique depuis un AVC.
En aucun cas Mme C ne voudrait rater une séance de médiation équine avec Mocha, c’est une visite qu’elle attend fermement.
Mme C est alitée, manque de tonus et n’a plus de motricité dans l’hémicorps droit. Elle est assistée dans tous les gestes du quotidien.
Pour autant, dès que Mocha arrive, elle cherche immédiatement à se redresser, seule. Elle se mobilise pour lui faire face dignement et être en relation avec elle, à sa hauteur afin de lui dire bonjour. Ce qu’elle ne fait pas dans son quotidien ou lors des séances de psychomotricité à médiation canine.
Le cheval a une façon de s’approcher très douce de l’Homme malgré son imposante corpulence. Ce qui instaure une certaine sécurité de par sa douceur. Ainsi, aux côtés du cheval, c’est un monde sensoriel réparateur qui s’ouvre au patient. Chaleur, respiration calme, douceur, odeur, enveloppent le patient. (DIBOU, 2023).
L’animal est un être instinctif et sensoriel, il est resté connecté à la spiritualité : l’intuition, les sensations, les émotions.
De part son hypersensibilité, le cheval décrypte chacune de nos émotions. En effet, celles-ci possèdent des odeurs analysées par son réflexe olfactif (flehmen).
Ainsi, même si les émotions ne sont pas conscientisées, le cheval lui les a ressenti.
L’Homme se retrouve donc avec un effet miroir face à lui, car le cheval ressent l’ensemble de ses émotions et lui reflète.
Le cheval permet également de faciliter le lien avec le passé du patient, ce qui a pu le marquer, le traumatiser. Il induit des résonnances et permet d’y mettre des mots. Le patient va observer, ressentir puis verbaliser et élaborer.
Vignette clinique
Mme M, 102 ans s’identifie à Mocha lors de sa venue.
« Qu’elle âge elle a ? » – 20 ans. « Oh mais t’es une vieille mémère comme moi toi ! Et tu as eu des petits ? ». – non. « Et ben tu sais, moi non plus j’en ai pas eu ! Et tu es triste toi ? » On lui explique qu’en dehors de l’établissement elle mène une vie de cheval de pré et qu’on la considère heureuse. « Et bien moi je me sens seule ! Je n’ai personne ! J’espère que tu as des copains au pré ? »
Ici, Mme M s’adresse directement à Mocha qui lui reflète en partie sa vie (son âge, son histoire). Elle cherche à s’y identifier pour créer une relation. Cela permet de stimuler sa communication dans un espace d’écoute et de relation à l’autre.
En dehors des séances, Mme M se sent seule et persécutée bien qu’elle refuse nos propositions d’activités. Elle est persuadée que des soignantes la volent, lui tendent des pièges etc. La présence de Mocha lui permet de revenir doucement à la réalité, tout en se remémorant d’où elle vient, où elle est et pourquoi.
Ainsi, plus nous sommes au contact de l’animal, plus nous sommes sensibles à nos ressentis et émotions. Le cheval nous aide à reprendre conscience de ce que nous éprouvons, et nous reconnecte à notre corps, nos pensées. Il nous apporte calme et confort.
Vignette clinique
T. 18 ans, porteur de la maladie de Scheuermann, d’une syringomyélie, d’une déficience intellectuelle et d’un TDAH.
T. est très grand et en surpoids. Sa carrure est imposante. C’est un adolescent très agité, qui ne fixe pas l’attention. Tout va trop vite dans sa tête, il n’arrive pas à s’inhiber.
Lors d’un évènement public qui promouvait la médiation équine, T., que j’accompagne en libéral à mon cabinet, nous a rendu visite. C’est alors qu’à la simple présence du cheval, toute son énergie s’est apaisée. Il est devenu calme et silencieux à son contact. Il est entré en relation avec l’animal par le touché, lui qui est habituellement un « moulin à parole ». Le cheval l’a immédiatement contenu. C’est une enveloppe corporelle imperméable dont T. a bénéficié tout du long de sa présence à l’évènement.
En septembre, l’IME financera à T. des séances de psychomotricité à médiation équine.
Contrairement aux autres animaux, le cheval de part sa présence imposante gagne plus facilement l’émotion des patients. C’est en les touchant émotionnellement, que l’on acquiert davantage d’adhésion à leur prise en soin.
Le cheval écoute et ne juge pas. Il constate et démontre. Miroir des émotions, il propose une voie de choix pour réaliser un travail d’intériorisation et de libération émotionnelle. (BENSA, 2023).
La séance de médiation équine amène le monde extérieur auprès du patient et le replace en tant que personne dans un contexte différent de celui de « malade », de « patient ». Elle offre un temps hors des soins médicaux/paramédicaux, bien qu’elle en soit un. Au-delà des mots, par le biais des caresses, du toucher, de l’émotion, une communication se crée et le contexte se fait oublier, des souvenirs, des émotions, des sensations s’éveillent.
Une relation se crée et le travail psychomoteur à visé éducative/rééducative ou thérapeutique peut débuter sans qu’il n’en soit un.
« Par ses caractéristiques physiques, esthétiques et comportementales, le cheval introduit des modalités de travail inédites en mobilisant des ressources corporelles, cognitives, relationnelles et affectives de façon concomitante. » ANSORGE et SUDRES, 2012.
La médiation équine permet ainsi de travailler de manière consciente ou non la motricité, la cognition et le comportement (relationnel, émotionnel, communicationnel) chez le patient. Le cheval stimule la mémoire émotionnelle et ancre la prise en soin.
Cette médiation en psychomotricité permet de stimuler l’ensemble des fonctions psychomotrices. Nous avons pu voir que le cheval nous reconnecte à nos émotions, stimule la communication et focalise notre attention.
Mais le cheval stimule aussi aisément la motricité : pour s’en approcher, comme pour travailler à ses côtés (sur un parcours ou lors d’une balade par exemple).
La motricité fine est renforcée par le biais de la sensorialité tactile induite par les manipulations (caresses, pansage, tressage des crins, tenue en longe, etc.).
C’est finalement un mieux être général que le cheval permet au patient en le faisant se sentir en confiance. L’estime de soi ne s’en voit que valorisée. Ce qui permet au patient de transposer les acquis de la séance dans son quotidien.
Bien que ces bénéfices se traduisent par de petits signes et qu’ils puissent sembler insignifiants pour une personne en dehors du contexte, ils sont énormes, et remplis d’émotions pour les patients, l’intervenant et les familles.
Observation du cheval en liberté ; le décrire, interpréter ses comportements.
Découvrir le cheval à travers le touché et être attentif à toutes les sensations ressenties sous les mains.
Pansage du cheval, être attentionné à l’appréciation et aux sensations.
Création d’un parcours psychomoteur selon plusieurs consignes précises à mettre en oeuvre.
Ecouter 5 sons de l’environnement, jouer au roi du silence (en balade, au pré).
Relaxation aux côtés du cheval ou sur son dos.